Le testament de Napoléon
Fiche signalétique de la collection
Intitulé | Testament olographe de Napoléon |
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Date | Avril 1821 |
Producteur | Napoléon |
Importance matérielle | 13 documents |
Aperçu du contenu | Le testament de Napoléon est composé d’une série de documents principalement conservés dans « l’armoire de fer » des Archives nationales sous la cote : AE/I/13/21. Il est complété de documents épars, originaux ou copies, conservés aux Archives nationales (fonds Murat), la Bibliothèque Thiers (Papier Marchand, Ms 21) ou en collection privée. |
Remarques sur la description | Conservé dans l’Armoire de fer des Archives nationales, le document principal n’est pas accessible. Numérisé, il est consultable sur la base Archim des Archives nationales. |
Description détaillée
Composition
Le testament de Napoléon est composé d’une série de documents principalement conservés dans l’Armoire de fer des Archives nationales sous la cote : AE/I/13/21. Ce document principal est complété de documents éparses, originaux ou copies, conservés notamment aux Archives nationales (fonds Murat), la Bibliothèque Thiers (Papier Marchand, Ms 21) ou en collection privée. L’ensemble testimonial complet se compose des documents suivants :
1 – Le testament en tant que tel, paginé 1 à 14 en 1853 : Archives nationales, AE/I/13/21a. Il est entièrement autographe, signé, cacheté et daté de Longwood le 15 avril 1821. Il comprend trois états (a, A et B) de la main de Marchand, valet de chambre de Napoléon. Paraphé par l’Empereur, ils donnent l’inventaire d’une partie des objets appartenant à Napoléon à Sainte-Hélène. Des états B (argenterie) et C (porcelaines) ne sont plus conservés avec le document principal des Archives nationales. Ils sont connus par des copies : Bibliothèque Thiers, Papiers Marchand, ms Masson 21 ; Archives nationales Fonds Murat, 31AP/28. Des inventaires des boîtes (tabatières) numérotés I, II et III, dictés le même jour, y étaient annexés. Absents de l’ensemble conservé aux Archives nationales, ils sont connus par des copies : Fonds Murat, 31AP/28
Détail du testament de Napoléon, AN, AE-I-23-21a ©Archives nationales
2 – Le premier codicille, paginé 15 à 18 en 1853 : AN, AE/I/13/21b. Il est entièrement autographe, signé cacheté et daté de Longwood le 16 avril 1821. Il représente les seules volontés destinées à être communiquées aux Anglais.
3 – Le second codicille, paginé 1 et 2 : AN, AE/I/13/21c. Il est entièrement autographe, signé cacheté et daté de Longwood le 16 avril 1821. Complément du premier codicille, cet acte réservé aux exilés français prescrit l’ouverture du testament en Europe, et institue pour exécuteurs testamentaires Montholon, Bertrand et Marchand.
4 – Le troisième codicille, paginé 29 à 32 en 1853 : AN, AE/I/13/21d. Il est écrit le 21, 22 ou 23 avril, cette pièce est autographe, cachetée et datée du 24 avril. Il dispose de l’avoir de l’Empereur sur les diamants de la couronne et ses revenus sur l’île d’Elbe.
5 – Le quatrième codicille, pagine 33 à 36 en 1853 : AN, AE/I/13/21e. Écrit le 21, le 22 ou le 23, cette pièce est autographe, cachetée et datée du 24 avril. Il contient des legs aux personnes qu’il a connues au début de sa carrière, prévoit des frais de succession et la nomination d’un trésorier. Ce document a perdu l’enveloppe dans laquelle il était scellé.
6 – Le codicille (cinquième) disposant des fonds remis à l’impératrice Marie-Louise : AN, AE/I/13/21f, paginé 37 à 40 en 1853. Écrit entre le 21 et le 24 avril, il est autographe, signé et daté du 24.
7 – Le codicille (sixième) disposant des fonds de la liste civile d’Italie aux mains d’Eugène de Beauharnais : AN, AE/I/13/21g, paginé 19 à 28 en 1853, les nos 20 et 27 ont été omis par erreur. Écrit entre le 21 et le 24, il est autographe signé et daté du 24 avril.
8 – Le septième codicille dont l’existence est attestée par les témoins, a été écrit entre le 23 et le 25. Il était autographe et les 5e et 6e codicilles font allusion à certaines dispositions de ce document. Son texte est connu par des copies notamment celles du fonds Murat aux Archives nationales (31AP/28). Il renferme les legs de conscience et devait rester secret. Son existence est attestée jusqu’en 1825, il aurait été détruit par la suite. Seule l’enveloppe semble avoir subsisté et a été acquise par les Archives nationales, elle est conservée sous la côte AE/I/13/21h.
9 – Le huitième codicille, écrit par l’Empereur le 29 et antidaté du 27. Il est en partie de sa main jusqu’au quatrième paragraphe. Les articles 5 à 7, et les trois derniers mots de l’article 2, sont écrits par Montholon qui ne peut le faire signer à Napoléon. Au sortir de la rédaction, il le montre au grand maréchal Bertrand, mais conserve le document et l’emporte en Angleterre. Le document jamais adjoint aux liasses principales reste par la suite en main privée. En juin 1938, il passe en vente à Londres chez Sotheby’s qui le propose aux Archives nationales qui ne peuvent l’acquérir. Une photographie du document est publiée par Jean Savant en 1951. Vendu à nouveau dans les années 1970, il est depuis en collection privée.
10 – Le neuvième codicille. Dicté à Marchand le 29 avril au soir, le texte est écrit au dos d’une carte à jouer (roi de cœur) qui a été coupée. Conservé par le fidèle valet, le texte dispose d’un leg pour le duc de Reichstadt. Conservé en collection privée, ce document a été exposé pour la première fois en 2021 aux Invalides : Napoléon n’est plus (mars septembre 2021) et a été reproduit dans le catalogue : Gallimard, Paris, 2021, p. 40.
11 – Instructions pour les exécuteurs testamentaires : AN, AE/I/13/21i, paginées 1 et 2. Dictées à Marchand entre le 22 et le 25 avril 1821, elles sont rédigées par le valet de chambre, signées de Napoléon et datées du 26 avril.
12 – Lettre à Laffitte, Banquier de l’Empereur (AN, AE/I/13/21k), rédigée par Montholon, recopiée par Marchand le 29, et signée par Napoléon ce jour en antidatant du 25 avril.
13 - Lettre au baron La Bouillerie, trésorier du domaine privé de l’Empereur (AN, AE/I/13/21j), rédigée par Montholon, recopiée par Marchand le 29, et signée par Napoléon ce jour en antidatant du 25 avril.
Description physique
Napoléon écrit sur le papier en usage à Sainte-Hélène. Celui utilisé pour le testament est filigrané J. WHATMAN 1819 BALSTON & Co.
Le testament, et les deux premiers codicilles, qui devaient être ouverts à Sainte-Hélène, sont scellés de rubans rouges. Les 6 autres plis ont été cachetés et scellés de vert.
Sur chacune des liasses, les exécuteurs testamentaires présents à Sainte-Hélène (Bertrand, Montholon, Marchand) ont apposé leurs paraphes et leurs cachets, l’abbé Vignali a été également invité à signer.
L’ordre de succession des documents, en particulier des codicilles, respecte le classement établi par les Archives nationales lui-même suivant l’ordre établi par le tribunal de la Seine lors de son enregistrement en 1853, qui respectent l’ordre donné par Montholon lors du dépôt près de l’enregistrement au « Doctors’ Commons » (ou Prerogative Court of Canterbury) à Londres.
Historique de la conservation
Les différentes pièces qui forment le testament de Napoléon ont été rédigées entre le 11 et le 29 avril 1821. Signées et cachetées par les exécuteurs testamentaires, les documents sont confiés à Louis Marchand, valet de chambre, jusqu’au décès de l’Empereur le 5 mai à 5 h 49 du soir. Dans la soirée, Marchand remet au comte de Montholon, exécuteur principal, tous les documents dont il avait la garde. Après avoir dressé procès-verbal, le second codicille est ouvert. Le premier codicille est ouvert le 12 mai par Hudson Lowe. Les autres plis sont ouverts par Montholon, en présence des exécuteurs, le 25 juillet à bord du Camel qui ramène la petite communauté vers l’Europe. Á son arrivée en France en octobre, Montholon fait dresser des copies pour le Tribunal de Seine et fait timbrer à l’enregistrement, le 2 novembre, la lettre à Laffitte. Sur les conseils de Cambacérès, le 10 décembre 1821, il fait certifier le tout (moins le 8e codicille) au Prerogative Court of Canterbury (également Doctors’ Commons), à Londres, où les personnes décédées à l’étranger doivent faire enregistrer et valider leurs testaments, et dont relève Sainte-Hélène. Les 8e et 9e codicilles ne seront jamais officialisés et se détachent de l’ensemble dès ce moment. Á son arrivé sur le trône, Napoléon III sollicite la reine Victoria, par le comte Alexandre Colonna-Walewski, fils naturel de Napoléon et ambassadeur à Londres, les pièces composant les dernières volontés de l’Empereur déposées à Londres (Testament, codicilles 1, 3 à 6 et les deux lettres). Elles sont remises à Walewski le 16 mars 1853 par Lord Clarendon, ministre des affaires étrangères britannique, et ramenées à Paris. Dix jours plus tard (le 26 mars), les feuilles sont déposées au Tribunal de la Seine, numérotées et paraphées par son président, Debeylleme. Les pièces sont visées le même jour pour timbre, et annexées à la minute d’un acte de dépôt chez le notaire de l’Empereur, Casimir Noël. Deux pièces manquantes (2e codicille et les Instructions) rejoignent les premiers documents en juin et juillet. Le sort du 7e codicille est inconnu, attesté jusqu’en 1825 il disparait par la suite. Après l’acquittement définitif des legs entre 1853 et 1859, par une lettre du 28 avril 1860, Napoléon III dépose entre les mains du comte de Laborde, directeur général des Archives de l’Empire le testament de Napoléon Ier. Il est conservé depuis dans l’Armoire de fer.
Conditions d’accès et d’utilisation
Conservé dans l’Armoire de fer des Archives nationales les documents originaux ne sont pas accessibles au public.
Les documents ont été numérisés et sont consultables sur la base Archim des Archives nationales.
Détail du testament de Napoléon, AN, AE-I-23-21a ©Archives nationales
Mise en ligne : juillet 2022
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Située à Londres cette juridiction à le rôle de certifier les testaments des personnes décédées hors du sol britannique. ↩