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Le Fonds Masson

Fiche signalétique de la collection

Intitulé Bibliothèque Thiers - Fonds Masson
Date 1816 - 1821
Producteur     Auteurs multiples
Importance matérielle 82 documents répartis en trois ensembles
Aperçu du contenu Les fonds sélectionnés parmi les riches collections du fonds Masson de la bibliothèque Thiers retracent l’exil de Napoléon. Les interrogatoires des personnes qui ne purent l’accompagner sur l’île montrent à quel point Napoléon suscite les fidélités encore en 1815. Les rapports des agents de Louis XVIII à Londres permettent de souligner la guerre secrète qui se joue autour de l’Empereur en exil. Enfin la correspondance de Longwood, issue des fonds Montholon permet de pénétrer les difficiles relations entre les exilés et leur gardien Hudson Lowe.

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Description détaillée

Pour rédiger son histoire de Napoléon à Sainte-Hélène, Frédéric Masson a réuni une très importante collection de manuscrits. Elle se compose de trois grands ensembles :

  1. Ms Masson 8 à 24 : documents originaux ou copies ayant trait à Napoléon à Sainte-Hélène (Papiers Philibert, Montholon, général Bertrand, Gourgaud, testament de l’Empereur, succession de l’Empereur etc…).
  2. Ms Masson 332-344 : notes de Frédéric Masson sur Sainte-Hélène.
  3. Cotes isolées :
    Ms Masson 354 : vrac dont “objets emportés à Sainte-Hélène, en dépôt à Paris”.
    Ms Masson 532 C (f° 72) : notes diverses, dont (C, f° 72) photo d’un tableau représentant les funérailles de Napoléon à Sainte-Hélène, ou encore (ff. 84-86) : coupures de journaux sur le centenaire de la mort de Napoléon.
    Ms Masson 533 : « Napoléon à Sainte-Hélène » : chapitre II, imprimés et manuscrits, dans les travaux préparatoires aux ouvrages de Frédéric Masson.
    Ms Masson 592 : Etienne Malpertuy, « Ode Sainte-Hélène », dédiée à la comtesse Walewska.
    Ms Masson 664 (n° 5) : personnages qui ont accompagné l’Empereur à Sainte-Hélène.
    Ms Masson 736 F : « Les médecins de Napoléon à Sainte-Hélène » : épreuve d’imprimerie d’un article de Frédéric Masson.

Fonds sélectionnés

Parmi les centaines de documents que représente cet ensemble et en partenariat avec la bibliothèque Thiers, la Fondation Napoléon a sélectionné plusieurs documents illustrant l’exil de Napoléon à Sainte-Hélène.

Deux interrogatoires des personnes non acceptées à accompagner Napoléon à Sainte-Hélène.
À leur arrivée au Havre les personnes qui n’avaient pas été sélectionnées pour accompagner Napoléon à Sainte-Hélène furent interrogées par les autorités royales qui en dressèrent la liste et leur établirent des passeports. Ces trois documents ont été acquis par Frédéric Masson et sont conservés à la bibliothèque Thiers : carton 8, folio 435-451.

Un mémoire des prisonniers français à Malte.
Parmi les personnes qui ne furent pas autorisées à accompagner Napoléon, plusieurs officiers furent mis à l’isolement par les Britanniques notamment Savary, ancien ministre de la police, le général François Lallemand et l’officier d’ordonnance Planat de la Faye. Ils furent détenus à Malte, d’où ils écrivirent ce mémoire. Il se compose d’un cahier in folio conservé dans le fonds Masson, carton 8, folio 425-434.

Une partie de la correspondance de Longwood conservée dans les Papiers Montholon
Composé de 44 documents conservés au carton 8, folio 158-313, cet ensemble regroupe une partie de la correspondance envoyée à Longwood par le gouverneur de Sainte-Hélène Hudson Lowe ou ses collaborateurs. Les expéditions signées Lowe ou Gorrequer sont accompagnées de copies d’instructions envoyées de Londres par Bathurst. Considérés comme les archives officielles de Longwood, ces documents ont été tamponnés du cachet de Longwood par le bibliothécaire Saint-Denis. Quelques minutes de lettres dictées par Napoléon à Montholon ou Bertrand complètent cet ensemble. Après la mort de Napoléon en 1821, ils ont été conservés par le comte de Montholon. Ce dernier fut victime d’un incendie, et vit partir en fumée une partie de ses archives dont certaines pièces portent les stigmates. Cette destruction explique les grandes lacunes dans ce fonds. En français et en anglais, ces originaux de la correspondance envoyés par Lowe ne représentent qu’une partie des échanges entre les exilés et leur geôlier. On retrouvera les copies et minutes de ces documents, les correspondances envoyées par Longwood, ainsi que de nombreux autres documents, dans les Lowe papers conservés à Paris (Bibliothèque nationale de France, MS, Anglais 3-24) et Londres (British library, additional manuscript, vol. 20 115 à 20 240). Montholon utilisa ses archives pour rédiger son Récit de captivité dont les brouillons sont également conservés dans le fonds Masson de la bibliothèque Thiers.

Cachet de Longwood Cachet de Longwood, bibliothèque Thiers, fonds Masson, carton 8, fol. 168 ©Fondation Dosne-Thiers

Les rapports des agents de Louis XVIII à Londres
Composé de 32 documents (carton 20, folios 409-467) acheté par Frédéric Masson, cet ensemble représente une infime partie de l’activité des agents français à Londres entre 1815 et 1820. Ce sont pour la plupart les expéditions des rapports adressés à René Eustache d’Osmond1, ambassadeur de France à Londres par Louis Hubert comte de Beaumont-Brivazac2, principal agent français dans la capitale britannique. Ce fonds se compose également de lettres du général Danican, ainsi que de déchiffrement des messages codés du journal l’Anti Gallican. Les Archives nationales conservent (141 AP) la totalité des archives de Beaumont de Brivazac. Sous la côte 141 AP 2, dossier 3, sont conservées les copies et minutes de ces rapports à d’Osmond jusqu’en 1817. Le fonds Masson ici publié complète celui des Archives nationales.3

Historique de la conservation : Frédéric Masson et sa collection

Né à Paris en 1847 dans une famille de hauts magistrats, Frédéric Masson se destine à la diplomatie et devient bibliothécaire au ministère des Affaires étrangères. Ses convictions républicaines de jeunesse vont être anéanties par la défaite de 1870. Estimant que « la République a livré deux provinces et favorisé la Commune », il devient bonapartiste du lendemain et, dans ses articles et ses livres, fait l’apologie de l’empire perdu. Son mariage en 1874 avec Marguerite Cottin, petite-fille d’un conseiller d’État du Premier Empire, le met en relation avec les principaux membres de la famille impériale. Il entretient notamment une amitié avec le prince Napoléon Jérôme, fils de Jérôme Bonaparte, qui lui donne accès à des documents importants pour la rédaction de ses ouvrages.

Élu en 1903 à l’Académie française, Masson en devient le secrétaire perpétuel en 1919. Membre de la commission des bibliothèques, il s’intéresse au développement de la bibliothèque créée par Félicie Dosne, malgré la répugnance qu’il éprouve pour la personnalité de M. Thiers. Entre 1914 et 1918, il s’investit avec un immense dévouement dans l’administration de l’hôpital militaire. Au soir de sa vie, il décide que l’ensemble de ses collections sera légué à l’Institut de France et trouvera sa juste place au sein de la fondation.

Ce sont ainsi près de 70 000 livres, plus de 700 cartons d’archives, 30 000 estampes, 1 000 dessins et plus de 2 000 objets et tableaux qui entrèrent à la bibliothèque Thiers en 1926, après la mort de M. Masson en 1923. Ses manuscrits comprennent les notes préparatoires et les autographes originaux de ses ouvrages, les archives de l’hôpital militaire, mais les documents napoléoniens (originaux et copies) sont évidemment les plus nombreux. Leur contenu est extrêmement varié : lettres, rapports, notes, récits, mémoires, cartes et plans, certificats, pièces de théâtre, autographes, diplômes, coupures de presse, tous ont trait au Premier Empire et, dans une moindre mesure, au Second. A la fin de sa vie, alors qu’il venait d’entrer en possession des papiers de Montholon comportant les brouillons du récit des dernières années de l’empereur, il s’écria : « J’ai tout Sainte-Hélène ! » Parmi les mémoires, les souvenirs du sous-officier de la Garde impériale Jean-Michel Chevalier, notés au jour le jour et illustrés de gouaches naïves, sont les plus célèbres. Le sous-lieutenant Chevalier a suivi Napoléon dans toutes ses campagnes, depuis l’Italie jusqu’à Waterloo.

Frédéric Masson dans sa bibliothèque Frédéric Masson dans sa bibliothèque, © fondation Dosne-Thiers

L’originalité des objets de la collection Masson réside dans leur extraordinaire diversité : des œuvres d’art majeures côtoient des témoignages de l’art populaire (blagues à tabac, cadrans de montres, assiettes, éventails…). On trouve des tableaux de Boilly, Crépin, Gérard, Gros, Horace Vernet, Jean-Léon Gérôme, des dessins de Percier, Garnerey, des esquisses de David, etc. Les caricatures antinapoléoniennes, tant françaises qu’anglaises ou russes, sont extrêmement nombreuses.
Ces œuvres, exposées dans les salons du rez-de-chaussée de la fondation, formèrent un petit musée napoléonien jusque dans les années 1980. Mais ce musée ne pouvait rivaliser avec d’autres collections telles celles de la fondation Napoléon, de Marmottan, de Compiègne, de Fontainebleau ou des Invalides, pour ne citer que les plus illustres. Des soucis de rentabilité poussèrent les administrateurs de la fondation à reléguer les objets dans les réserves et à remonter la salle de lecture de la bibliothèque au deuxième étage, afin de permettre la location des salons du rez-de-chaussée et du premier. Tableaux et objets, gravures et dessins, sont désormais prêtés lors d’expositions extérieures, tandis que les livres et les manuscrits, dans la bibliothèque, continuent d’être largement consultés par nos chercheurs.

Sylvie Biet, conservateur en chef de la bibliothèque Thiers

Lieux de conservation et condition d’accès

L’hôtel Dosne-Thiers, situé place Saint-Georges à Paris, a longtemps été la résidence d’Adolphe Thiers et de son épouse Elise Dosne. Il abrite aujourd’hui la fondation Dosne-Thiers, la bibliothèque Thiers consacrée à l’histoire de France au XIXe siècle, et le Centre de Recherches humanistes.

En 1905, Félicie Dosne, belle-sœur de Monsieur Thiers, le premier président de la Troisième République, lègue à l’Institut de France l’hôtel familial de la place Saint-Georges, dans le 9e arrondissement, « pour qu’il soit affecté à la création d’une bibliothèque d’histoire moderne et plus particulièrement d’histoire de France ». Mlle Dosne entendait ainsi honorer la mémoire de son beau-frère, personnage clé du XIXe siècle, journaliste, homme politique, membre de l’Académie française et de l’Académie des Sciences morales et politiques, mais aussi historien auteur d’une monumentale Histoire du Consulat et de l’Empire. Après des travaux, la bibliothèque fut inaugurée en 1913.
Mais en 1914, un an après l’inauguration, éclate la Première Guerre mondiale. L’administrateur de l’hôtel Thiers est alors l’académicien et historien Frédéric Masson. Il décide ses confrères à ouvrir un hôpital militaire auxiliaire place Saint-Georges. On relègue les collections de livres et de manuscrits au deuxième étage, tandis que les salons du rez-de-chaussée et les anciens appartements du premier étage sont transformés afin d’accueillir des centaines de blessés pendant toute la durée du conflit. Redevenue bibliothèque après 1920, la fondation reçoit les collections napoléoniennes de Frédéric Masson à la mort de ce dernier.

Le petit musée napoléonien ouvert dans les salles du rez-de-chaussée a dû fermer dans les années 1980 : les collections de tableaux et d’objets sont désormais prêtées lors d’expositions extérieures, tandis que les salons peuvent être privatisés pour accueillir réceptions, conférences, concerts, défilés de mode ou tournages de films.

Salle de lecture de la bibliothèque Thiers Salle de lecture de la bibliothèque Thiers, ©fondation Dosne-Thiers

Au deuxième étage de la fondation, la bibliothèque Thiers contient environ 156 000 imprimés, 1 500 titres de périodiques, 2 357 boites de manuscrits, 30 000 estampes, 1 000 dessins. Les notices de la collection sont en partie consultables sur Internet (le SUDOC pour les imprimés, CALAMES pour les manuscrits), mais il est toujours nécessaire d’avoir recours aux catalogues et inventaires manuscrits disponibles sur place.
La bibliothèque est ouverte les jeudi et vendredi de 12h à 18h. Trois personnes, un conservateur, une bibliothécaire et une magasinière, se relaient pour recevoir les lecteurs et répondre à leurs demandes. La bibliothèque Thiers accueille toute personne qui a des recherches à mener sur le XIXe siècle, de la Révolution jusqu’à la Première guerre mondiale. La consultation des livres est libre et gratuite.

Depuis 2009, l’hôtel abrite également le bureau de la fondation Thiers – Centre de Recherches humanistes. Cette importante institution, créée par Félicie Dosne en 1893, attribue des bourses à de jeunes chercheurs dans les domaines des sciences humaines et sociales. En 2020, la fondation Dosne-Thiers et le Centre de Recherches humanistes ont fusionné en une seule fondation abritée par l’Institut de France.

Sylvie Biet, conservateur en chef de la bibliothèque Thiers

Logo Fondation Dosne Thiers

Mis en ligne : avril 2021


  1. René Eustache d’Osmond (1751-1838), ambassadeur à Londres (juillet 1815 - janvier 1819). 

  2. Louis Hubert de Brivazac, dit le comte de Beaumont-Brivazac (1780), commissaire général de police sou l’Empire, agent secret à Londres pour le compte de Louis XVIII (1815-1818). 

  3. La Fondation Napoléon remercie : Jocelyne Badol, Jean-Marc Fagais, Alessandro Hicks, Jean-Philippe Jonchère, Michèle Masson, Didier Riancho, Flore Yvalun pour leur travail de transcription et de relecture des documents.